Disons-le tout net et sans détour, la Dordogne est plus réputée pour ses confits de canard, son foie gras, ses excellents vins de Bergerac, ses grottes de Lascaux ou bien encore pour la légende de Louis Padelle (l’ancien) que pour les Renault 2067, 2087 et consort.
Toujours est-il qu’il s’en trouve. Moins que les cèpes à la bonne saison, mais il s’en trouve. J’en ai croisé quelques uns. A un moment, il y en avait un, déguisé aux couleurs jaune et noir de Renault, transformé en dépanneuse aux Eyzies de Tayac. Il en était un aussi, en tenue militaire, dans une casse auto près de chez moi. Le propriétaire se promettait de l’utiliser pour aller à la chasse. Je ne l’ai jamais vu rouler. C’était un torpédo en bon état et je ne sais pas ce qu’il est devenu.
Il y en a encore d’autres, c’est une chose certaine, mais celui que je vois le plus souvent, pratiquement tous les jours pourvu que je daigne sortir un peu, c’est le mien, un 2067 bizarre. Bizarre parce qu’il ne semble pas exister. En fait, et selon certains experts, il aurait une carrosserie de 2064 installée sur un châssis de 2067. De ce fait, il est pourvu de portes s’ouvrant dans le mauvais sens et d’une cabine tôlée. D’aucuns prétendent qu’il aurait des phares plus gros qu’à la normale. Je vous rassure, on n’y voit pas mieux de nuit.
Ce camion, je l’ai trouvé sur Internet. Depuis des années, des années et des années, j’en cherchais plus ou moins un, de Renault Kat-Kat. Des fois, j’en trouvais mais n’avais pas les finances ; des fois j’avais l’argent mais je n’en trouvais pas. La vie est parfois curieuse.
Et donc, je tombe sur une annonce. Presque par hasard. 1500 euros un R2067 en bon état de marche à quelques 200 kilomètres de chez moi, sur le Bassin d’Arcachon. Je réfléchis un peu à l’incongruité de la chose et me décide à envoyer un premier courrier électronique. Les réponses aux questions arrivent assez rapidement avec quelques photographies de la machine. Je tombe amoureux illico.
Pour tout vous dire, j’ai des amis sur la Gironde, dans la banlieue proche de Bordeaux. Je décide que je pourrais aller les voir et en profiter pour faire un détour, histoire de rencontrer ce R2067. Il me plaît. Je peux l’essayer, en condition, sur un terrain défoncé. Je prends dès lors la décision de l’acheter.
Le temps de passer chez l’assureur pour les formalités d’usage et c’est parti, je vais chercher le Renault. Le retour se fait sans souci majeur hormis le fait que le copain qui m’a accompagné peine à me suivre au volant de la BMW que je lui ai confié. C’est que ça ne roule pas vite, un R2067 ! Pas trop de risques avec les radars, c’est toujours ça de pris.
Il faudra tout de même quatre heures pour effectuer ces 200 kilomètres. En s’arrêtant de temps en temps, tout de même.
Depuis, je prends toujours plaisir à le conduire. Je me dis bien qu’il serait bon que je le restaure un peu, au moins la peinture, qu’il soit plus joli. Ah et puis il y a la bâche, aussi, qu’il faudrait que je change. Pour le moment, après disons 2500 kilomètres, il ne m’a pas causé beaucoup de problèmes. Un maître-cylindre remplacé, un câble de compteur cassé, c’est à peu près tout.
Pas mal l’article ! Les portes ouvrent dans le mauvais sens :p
